Journalisme

Extrait de : La transformation du service de l’information de Radio-Canada

Portrait inédit de l’intégration des équipes radio, télé et web de Radio-Canada.

On découvre comment l’intégration fragmente l’identité des journalistes et leurs méthodes de travail.

L’ouvrage donne accès aux réunions privées des décideurs et cadres de Radio-Canada au moment où ils préparaient l’intégration.

Il suit aussi les journalistes qui vivaient l’intégration au quotidien. Leurs remises en question, bouleversements et adaptation, et comment l’intégration s’est adaptée aux journalistes.

On comprend le sentiment d’aliénation des journalistes radio.

Une réflexion détaillée sur le contexte global et local de l’intégration, sur Radio-Canada et le journalisme.

Extrait de : Le corps des journalistes au combat

Le combat des journalistes canadiens contre le harcèlement et les agressions physiques a été exacerbé lors de la manifestation des camionneurs à Ottawa en février 2022.

Le harcèlement et les agressions ont été dénoncés par la Fédération professionnelle des journalistes du Québec, dans ses infolettres à ses membres et par la voix de son président, Michael N’Guyen, qui a multiplié entrevues à ce sujet.

Le combat a été présenté principalement comme une lutte pour « la liberté de presse » et les attaques comme étant « inquiétantes pour la démocratie ».

Une autre façon de voir le combat est de plutôt le présenter comme une lutte pour protéger un outil de travail crucial, soit : le corps du journaliste. Quand le corps du journaliste est harcelé, menacé, agressé, il ne peut plus bien servir la démarche journalistique.

Le harcèlement et les agressions minent, érodent, rongent, dégradent l’outil de travail. Autrement dit, l’angle mort du combat des journalistes contre les voies de fait, le harcèlement et les divers dangers, c’est le corps. Le corps outil. Le combat à mener est de maintenir l’outil intact, aiguisé, affuté.

« Le corps du journaliste au combat » présenté au Colloque Journalisme et combat. Rencontres internationales de recherches sur le journalisme, Institut de journalisme de Bordeaux Aquitaine, Bordeaux.

La présentation.

Extrait de : Occuper et préoccuper l’oreille citoyenne 3

Les multiples convergences au cœur du quotidien d’un site d’informations hyperlocales.

  • Convergence pour distribuer les contenus sur toutes les plateformes possibles.
  • Que cette distribution soit le plus automatisée possible.

    Convergence des rôles de journaliste, de rédactrice en chef et d’entrepreneure ( réticente ) – il faut que les sites d’information soient en bonne santé financière pour que le journalisme ait lieu.

  • Convergence sous forme de partenariats pour échanger ou partager des couvertures journalistiques avec d’autres médias locaux.
  • Éviter la convergence pub / reportage tout en faisant converger journalisme / services à la collectivité.
  • Tout est dématérialisé, sauf la communauté à servir. Elle, elle est bien réelle.

Extrait de : Occuper et préoccuper l’oreille citoyenne 2

Dans le balado « L’info continue dans un hebdo », nous faisons une incursion dans le quotidien d’une reporter d’Info Dimanche.

Une quête continue d’information, l’intimité avec la communauté et l’engagement d’une journaliste se révèlent.

  • Alimenter le site web, les réseaux sociaux, l’infolettre. Même dans un hebdo, l’information se livre au quotidien. Les liens avec la communauté s’entretiennent chaque jour.
  • La quête continue, incessante d’information. Une simple citation du maire peut servir à lancer un reportage.
  • Tisser des liens solides avec les membres de la communauté. Accepter la part de « militantisme » dans le journalisme régional« : vouloir que la région se développe, grandisse, aille bien.
  • InfoDimanche.

Extrait de : Mobiliser le corps audio pour créer du sens.

Raconter une histoire vraie, prenante, interpellante, à la radio ou dans un balado, dont l’auditoire émerge transformé, touché, instruit, exige de creuser plusieurs sillons sonores à la fois.

Comment s’y prendre?

Pratiquer l’immersion sonore. Être à l’écoute du monde sonore, des signaux culturels, sociaux et environnementaux.

Laisser le son envahir le corps, s’emparer du corps, l’habiter, l’astreindre à résonner.
Que le son s’immisce dans la tête, interpelle les os et les nerfs.
Que le corps devienne un site, sur lequel s’inscrivent les informations sonores.

Utiliser son corps en étant attentif aux informations dans le fond sonore, son intensité et son rythme, dans le « grain » des voix, leur intonation, leur modulation, leur inflexion.

Être alerte aux silences, soupirs, apnées, aux mots, phrases, à la façon dont ils sont énoncés, à leur signification, à la sincérité ou à l’absence de sincérité de même qu’à ce que les voix dévoilent des motivations des personnes.

Puis, orchestrer les textes et textures, les dit et non-dit. Pour rendre le réel plus vrai que vrai. Plus éclatant que la réalité brute.

Autrement dit : mobiliser son corps audio.

Un corps audio capteur, en mode d’attention somatique.
Un corps audio transducteur, agissant à la fois comme un filtre, un convertisseur et un mixeur de stimuli sonores hétérogènes.

Le corps audio transducteur crée de nouvelles réverbérations, de nouveaux échos sonores, il transforme la substance des éléments qu’il traite. Il crée du sens.

Le montage sonore mobilisera ensuite le corps de l’auditeur. Son corps pourra être immergé, plongé en profondeur dans le son.

L’écriture sonore est un processus démarrant avec une quête d’informations immatérielles et un dialogue avec le son sous toutes ses formes, même inaudibles.
Elle se poursuit avec une collecte mobilisant le corps audio capteur et transducteur, y compris l’affect de l’auteure sonore.
Elle culmine en une composition resignifiant le réel qui instruira sonorement le corps de la personne qui écoute, jusque dans son affect.

Les façons de créer du sens se renouvellent, se transforment.

Extrait de : Une puissance concrète occupant le discours journalistique.

Le journalisme est vu ici comme un discours. Un discours qui a du pouvoir : le pouvoir de produire des sujets et des objets, le pouvoir de produire de la vérité.

Vérité signifie ici « un régime d’évidences » ou des « techniques d’activation d’évidences ». Cette vérité, produite par le discours, confirme le discours et le renforce.

Les relations publiques, dans ce contexte, sont à la fois « un système de connaissance, une technique d’intervention dans le discours, une puissance concrète et une pratique d’assujettissement » : « a knowledge system, a discourse technology, a power effect and a subjectifying practice » (Motion et Leitch, 2009, p.92). Les relations publiques créent de la connaissance (de l’information), elles interviennent dans le discours journalistique et elles y ont un pouvoir concret pouvant mener à l’assujettissement du journalisme.

En opérant dans le discours journalistique au sens foucaldien, les relations publiques maintiennent la crédibilité et le pouvoir du discours journalistique et en bénéficient : en occupant l’espace journalistique, les relations publiques tirent profit de la plus-value liée au discours journalistique. L’autorité des sources apparaissant dans les nouvelles est renforcée, elle acquiert de la légitimité.

Les relationnistes interviennent dans le discours journalistique comme des journalistes internes, défenseurs et promoteurs des points de vue de leurs clients ou de leurs causes. En jouant un rôle hybride de journalistes-au-service-d’intérêts-particuliers, les relationnistes circonscrivent les actions possibles des journalistes. Ils les guident vers du contenu pré-formaté, à insérer tel quel dans les reportages.

Ce qui apparaît dans les reportages est le résultat de luttes de pouvoir : qui y dit quoi, représentant quel groupe, présenté de quelle façon, avec quelle mise en contexte est le résultat d’une bataille de pouvoir. Cottle (2003) décrit cette relation de pouvoir comme un rituel, où chaque partie – journaliste, relationniste – tente de posséder le script (p. 17).

En reconnaissant cela, les questions suivantes émergent : Les relationnistes, ces journalistes internes, ces producteurs de contenu, peuvent-ils se passer des journalistes et du journalisme? Jusqu’à quel point les relations publiques peuvent-elles occuper le discours journalistique sans nuire au pouvoir du journalisme? Y a-t-il un moment où les relations publiques saturent le journalisme au point où elles neutralisent son pouvoir?

À partir de quel moment faut-il mettre un frein à la « PR-isation » (Jackson et Moloney, 2016) des salles de nouvelles?

Extrait de : Journalistes et relationnistes. Une relation obligée où les journalistes s’aménagent des espaces d’autonomie.

Les relationnistes font partie des conditions de production des journalistes. Les relationnistes font aussi partie des contraintes de production.

Dans leur rapport obligé avec les relationnistes, les journalistes disent conserver une marge de manœuvre. La description de leur possibilité d’action peut se décliner en cinq espaces d’autonomie, où le relationniste joue différents rôles :

  • Le collègue obligé
  • L’émissaire
  • La proie
  • L’antagoniste
  • La cible
  • Les différents rôles attribués aux relationnistes varient selon l’angle, l’expérience ou l’anecdote mobilisés par le journaliste. Un même relationniste peut être un collègue obligé, puis, une proie ou une cible, selon les échanges du moment.

    Les cinq espaces d’autonomie montrent que les liens relationnistes-journalistes sont imprégnées de contradictions, d’ambivalences et de doutes.

Extrait de : Les pratiques et les discours des relationnistes média.

L’analyse des discours de responsables des relations médias au Québec montre qu’ils doivent concilier leurs principes de transparence, rigueur, diligence et équité avec des limites organisationnelles.

Les relationnistes média veulent fournir rapidement de l’information vraie aux journalistes mais ils doivent jongler avec des contraintes de temps et d’accès, auxquelles s’ajoute l’impératif de servir les intérêts de leur client.

Cela mène à une interprétation et une mise en œuvre restreinte de leurs principes : ils se retrouvent parfois dans les marges de la transparence, rigueur, diligence et équité. Les règles de conduite des relationnistes peuvent alors devenir des valeurs de façade et des plaidoyers pro-relations publiques.

L’enquête a été menée auprès de 30 relationnistes québécois. Ils ont décrit leurs façons de jouer leur rôle, comment ils conçoivent ce rôle et quels principes guident leur travail. Puis, en tentant de voir ce qui peut susciter l’antagonisme des journalistes, émerge ceci : ce sont les modalités de mise en œuvre des principes des relationnistes, les définitions de ces principes et la primauté accordée aux intérêts du client qui sont en cause.

En second lieu, c’est l’aspect promotionnel qui dérange : quand les relationnistes promeuvent des principes dans le but de promouvoir leurs propres intérêts.

Extrait de : Revisiter les formats journalistiques.

Les nouvelles audio—ou radio—ont presque toujours la même forme, le même ton, la même façon de décrire les acteurs sociaux, le même élan dans la présentation et dans la cristallisation d’opinions.

En général, les nouvelles audio prennent la forme suivante : Narration du journaliste; citation; narration du journaliste; citation; conclusion du journaliste.

Ces formats ont leur raison d’être : le but d’un reportage est d’être entendu, compris et cru. L’ordre et la synchronisation des mots et des phrases, le ton et les sons sont cruciaux. Une journaliste aura bien fait son travail si, par exemple, les auditeurs ont compris que le thème d’une nouvelle est l’économie, le sous-thème est le chômage et que la « nouvelle » dans la nouvelle est une bonne nouvelle.

Autrement dit, faire comprendre aux auditeurs qu’il y a une bonne nouvelle dans le secteur du chômage est une performance honorable pour un journaliste audio. Voilà pourquoi les nouvelles audio doivent se conformer à des patrons ou à des formats précis.

Les patrons audio constituent toutefois une prison parce qu’ils limitent le champ de ce qui peut être dit et dévoilé.

En renouvelant les formats journalistiques, le status quo imposé par les patrons convenus est brisé.

Par exemple ici, une des particularités de l’œuvre est que les conditions de production des journalistes sont révélées sans être décrites de façon formelle avec une voix narrative autoritaire. Les conditions de production sont imbriquées, tissées, dans la nouvelle.

Extrait de : Les répertoires des journalistes décrivant leurs liens avec les relationnistes.

Les journalistes puisent dans plusieurs expériences et plusieurs identités à la fois pour décrire leurs échanges avec les relationnistes.

Cela les mène à exploiter différents répertoires interprétatifs pour décrire leurs liens avec les relations publiques. Ces différents répertoires peuvent être mobilisés dans une seule et même phrase, montrant la complexité des liens.

Les répertoires :

  • Le discours institutionnel du journalisme.
  • Le discours institutionnel des relationnistes.
  • Le répertoire invoquant la déontologie journalistique.
  • Le répertoire réaliste.
  • Ce répertoire réaliste peut être subdivisé :

  • Le répertoire de la « game »
  • Le répertoire « cul de sac »
  • Le répertoire « stratégique »
  • Les journalistes acceptent la relation obligée avec les relationnistes. Comme leur discours le démontre, ils puisent dans plusieurs répertoires interprétatifs pour expliquer, codifier cette relation.