Occuper et préoccuper l’oreille citoyenne.

L’immersion sonore dans la salle de rédaction se ressent ainsi : une masse d’informations désordonnées frappe le corps audio capteur.

Les sons ambiants se superposent, sans cohérence ni hiérarchie : les bips des cellulaires, les collègues qui échangent entre eux, les touches de clavier qui raisonnent auxquelles s’ajoutent les pages de cahiers déchirées, l’imprimante en marche, le bourdonnement des serveurs et le sifflement de la ventilation.

À ces sons ambiants s’ajoutent les manifestations sonores du reporter.

Sa voix, ses tons, ses rythmes, ses débits, sa fluidité – par exemple le ton du reporter montrant de l’impatience, ou sa respiration s’accélérant, ou ses explications devenant hachurées parce qu’il a trop de tâches à réaliser en même temps.

La mise en forme sonore superpose ensuite des strates d’information : extrait de la nouvelle du jour – explication ou réflexion du reporter à voix haute – suite de la nouvelle du jour – réaction du reporter, etc.

Les changements de ton et de registre (voix autoritaire du reporter quand il livre la nouvelle du jour, puis, chuchotement d’une confidence à propos d’une source) donnent des strates supplémentaires d’information à l’auditoire : le reporter n’est pas neutre ni indifférent face à la nouvelle du jour, il doute, se questionne, commente.

Bio

Chantal Francœur est professeure à l’École des médias de l’UQAM. Elle a pratiqué le journalisme à Radio-Canada, aux nouvelles et aux affaires publiques, pendant près de 20 ans. Elle est l’auteur de La transformation du service de l’information de Radio-Canada, de nombreux articles et chapitres de livres sur le journalisme, de compositions sonores, de Ma mère a l’Alzheimer, co-directrice de Relations publiques et journalisme à l’ère numérique.