Questionner les formats journalistiques

Les nouvelles audio—ou radio—ont presque toujours la même forme, le même ton, la même façon de décrire les acteurs sociaux, le même élan dans la présentation et dans la cristallisation d’opinions.

En général, les nouvelles audio prennent la forme suivante : Narration du journaliste; citation; narration du journaliste; citation; conclusion du journaliste.

Ces formats ont leur raison d’être : le but d’un reportage est d’être entendu, compris et cru. L’ordre et la synchronisation des mots et des phrases, le ton et les sons sont cruciaux. Une journaliste aura bien fait son travail si, par exemple, les auditeurs ont compris que le thème d’une nouvelle est l’économie, le sous-thème est le chômage et que la « nouvelle » dans la nouvelle est une bonne nouvelle.

Autrement dit, faire comprendre aux auditeurs qu’il y a une bonne nouvelle dans le secteur du chômage est une performance honorable pour un journaliste audio. Voilà pourquoi les nouvelles audio doivent se conformer à des patrons ou à des formats précis.

Les patrons audio constituent toutefois une prison parce qu’ils limitent le champ de ce qui peut être dit et dévoilé.

En renouvelant les formats journalistiques, le status quo imposé par les patrons convenus est brisé.

Par exemple ici, une des particularités de l’œuvre est que les conditions de production des journalistes sont révélées sans être décrites de façon formelle avec une voix narrative autoritaire. Les conditions de production sont imbriquées, tissées, dans la nouvelle.

Bio

Chantal Francœur est professeure à l’École des médias de l’UQAM. Elle a pratiqué le journalisme à Radio-Canada, aux nouvelles et aux affaires publiques, pendant près de 20 ans. Elle est l’auteur de La transformation du service de l’information de Radio-Canada, de nombreux articles et chapitres de livres sur le journalisme, de compositions sonores, de Ma mère a l’Alzheimer, co-directrice de Relations publiques et journalisme à l’ère numérique.