En mai, la spartine tristounette. Un tapis à brins courts, couleur rouille. Brulés. Comme épuisés. Flapis. Exsangues.
Petit à petit la couleur verte se fraye un chemin. Teinte avec patience chaque tige.
Un mois plus tard, le vert a envahi le paysage et les tiges ont poussé. Des guerriers bien accrochés, immergés la moitié de leur vie.
À marée basse, la spartine s’offre en mer verte. La lumière rasante de fin de journée les fait vibrer, révèle leur vitalité. Quand elle aura poussé plus, le vent la fera onduler. Comme un pelage de fauve.
La spartine filtre, tempère la mer, capte, offre un abri à la micro-vie.
Brin par brin, une présence, une assumance. Sous l’eau, hors de l’eau.
Indifférente aux assauts.