Le contenu venant des relations publiques dans les nouvelles.

En 1988, il y avait environ un relationniste pour chaque journaliste.

L’analyse de la production journalistique de six quotidiens en juillet de cette année-là montre que 47 % des nouvelles « ont été écrites en tout ou en partie, selon les informations contenues dans les communiqués et les pochettes fournies lors de conférences de presse. »

Nous avons refait l’étude de contenu en 2016. Il y avait alors quatre relationnistes pour chaque journaliste.

28 ans plus tard, 66% à 76% des nouvelles ont été écrites avec des informations ou des références fournies par les relationnistes.

En 28 ans, la présence de contenu venant des relations publiques dans les nouvelles a augmenté de 40 à 60 % dans les principaux quotidiens québécois.

L’étude s’est penchée sur

  • Le Devoir
  • La Presse
  • Le Journal de Montréal
  • Le Soleil
  • Le Nouvelliste
  • Le Quotidien

Des réactions de journalistes

« Les résultats ne me surprennent pas. Et les breaking news, c’est probablement plus élevé. Le premier spin, c’est les relations publiques. Le problème, c’est que ton article plus fouillé, qui pourrait contredire le spin, va rouler moins et plus tard. »

« Les institutions envoient un communiqué laconique en fin de journée, puis elles ne sont plus là pour répondre. Tout ce qu’on a, c’est un communiqué de presse. Elles le savent. Même si ça ne me satisfait pas, je vais publier quand même. »

« Des bons PR, qui sont efficaces, c’est quasiment mes adjoints. »

« C’est à toi, le journaliste, de te débrouiller avec ça. C’est très utile dans le métier, les relationnistes. Je n’ai pas d’a priori à l’égard des relationnistes. »

Référence

Francoeur, C. (2018). L’augmentation de contenu venant des relations publiques dans les nouvelles québécoises entre 1988 et 2016 : le cas de six quotidiens. Communiquer, 23, en ligne.

Bio

Chantal Francœur est professeure à l’École des médias de l’UQAM. Elle a pratiqué le journalisme à Radio-Canada, aux nouvelles et aux affaires publiques, pendant près de 20 ans. Elle est l’auteur de La transformation du service de l’information de Radio-Canada, de nombreux articles et chapitres de livres sur le journalisme, de compositions sonores, de Ma mère a l’Alzheimer, co-directrice de Relations publiques et journalisme à l’ère numérique.