Cixous pour raviver son écriture.

Trouver un angle original. Aborder les sujets en évitant le convenu. Sortir des sentiers battus. Lire Hélène Cixous pour s’extraire des habitudes ou des conventions d’écriture.

Dans ce texte, Cixous sème des graines d’originalité.

What we call the day prevents me from seeing.

Le jour, le quotidien, mais aussi les lieux communs, le sens commun constituent des pièges. Aveuglent. Pour s’affranchir des œillères, fermer les yeux.

Not seeing the world is the precondition for clairvoyance.

Voir autrement en revêtant la peau de la lumière. L’épiderme de la lumière.

I want to see the skin of the light.

Projeter un autre éclairage. Utiliser une autre lumière.

I write by the other light.

Prendre du recul aussi. Regarder. Puis, attendre avant de décrire, d’écrire.

I cannot write without distracting my gaze from capturing.

Se réfugier dans un espace primitif. Mobiliser ce lieu en soi.

I entrust myself to the primitive space.

C’est dans le contraire du jour, du quotidien, du sens commun, que se trouvent la prodigalité et le prodigieux.

I write at night. I write : the Night.
The Night is my other day. The most prodigious half of my life. The most prodigal half.

Quand le cœur bat plus vite, le filon est bon. La joie est bon signe.

There comes the time of imminence. A desire to write rises in my body and comes to occupy my heart. Everything beats faster. The entire body readies itself.
…the proof of creation is laughter.

Ensuite, donner une forme. Utiliser les outils : les mots. Les bien choisir pour qu’ils servent le propos, qu’ils reflètent les vibrations de l’âme.

It is a marvel to feel the innumerable vibrations of the soul make themselves, collect themselves, crystallize themselves into word.

Se permettre d’ouvrir les formats, de sortir des prisons.

To write by shreds, by storm clouds, by visions, by violent chapters, in the present as in the archpast, in pre – vision, in the true chaos of verbal tenses, crossing over years and oceans at a god’s pace, with the past on my right and the future on my left — this is forbidden in academies, it is permitted in apocalypses. What joy it is.

Encore.

And what words do between themselves — couplings, matings, hybridizations — is genius. An erotic and fertile genius.

Et encore.

Language is not finished. We can all be provisional demiurges by creating newborns.

L’approche exclut la fierté et évite la honte. Se débarrasser à la fois des interdits et des fausses modesties.

My effort in language and in thematics is to break with interdictions and false modesties.
Neither pride, nor shame.

Accepter enfin que mettre en forme, c’est coucher dans un tombeau.

…it must adjust itself into a rectangular parallelepiped, at a certain moment you cut the sphere, you flatten it, you square it up. You give the planet the form of a tomb.

Référence

Cixous, H. Stigmata.
Escaping Texts.
Chap. 9 Writing blind. Conversation with the donkey.

Bio

Chantal Francœur est professeure à l’École des médias de l’UQAM. Elle a pratiqué le journalisme à Radio-Canada, aux nouvelles et aux affaires publiques, pendant près de 20 ans. Elle est l’auteur de La transformation du service de l’information de Radio-Canada, de nombreux articles et chapitres de livres sur le journalisme, de compositions sonores, de Ma mère a l’Alzheimer, co-directrice de Relations publiques et journalisme à l’ère numérique.